Portraits de formateurs

Portrait #2 : Eric Kittirath

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2 minutes pour vous présenter
Je m’appelle Eric, je viens d’Avignon, je suis Bibas classe sup au SCD de Paris 1 et je fais des formations depuis plus de 4 ans maintenant. Je suis multitâche, multidisciplinaire et, depuis 2 ans, je suis responsable de la Formation en Droit où je forme surtout les primo-arrivants et les licences. Je suis quand même parfois amené à former des masters pour des formations simples (les bases numériques ou le catalogue).

Qu’est-ce que la formation pour vous ?
C’est avant tout apprendre. C’est consolider ses acquis. Acquérir de nouvelles compétences. C’est vraiment se perfectionner dans un domaine donné. C’est surtout se donner les moyens d’améliorer son quotidien au niveau du monde du travail parce que je pense que le bien être personnel passe aussi par le bien-être au travail ; c’est lié. Quand on se forme, ça permet d’évoluer, de progresser, de se mettre de nouveaux objectifs et grâce à la formation de ne pas s’ennuyer, aussi. La formation permet de voir de nouvelles choses, d’élargir ses compétences, sa manière de faire et d’être. Se former, c’est vraiment ça : se donner les moyens d’améliorer son quotidien.

Une technique que vous aimez bien utiliser ?
J’aime beaucoup les techniques pédagogiques participatives, c’est-à-dire que quand on va vraiment en interaction avec le public par le biais d’outils par exemple Wooclap pour avoir les questionnaires et les quiz. Moi j’aime bien quand il y a du débat, quand les étudiants participent parce que j’aime avoir leurs opinions, comprendre dans quel état d’esprit ils sont. J’aime bien l’interaction. Parler avec eux, pas juste à l’ancienne où l’on donne un cours. J’aime qu’ils participent en utilisant plein d’outils différents. Être multi support aussi quand on peut. Plein d’outils, varier les usages ou les supports.

Le(s) public(s) préféré(s) ?
Franchement, je n’ai pas de préférence. C’est comme les BD, de 7 à 77 ans parce que, évidemment, si tu réfléchis il y a des publics plus faciles à former que d’autres, par exemple les doctorants: ils sont plus motivés, plus concentrés que les primo-arrivants. Ce ne sont pas les mêmes enjeux, pas les mêmes motivations mais finalement même pour les primo-arrivants… si par exemple le public est moins motivé, pour moi, ce sera un challenge de les motiver, d’aller chercher un petit truc pour pouvoir les intéresser parce que on fait toujours des généralités mais il y a des particularités. Toujours dans ce public-là, s’il y en a qui ne sont pas motivés, il y en a toujours un ou deux qui sont toujours « au taquet ». Ça représente un défi : quand je vois qu’ils sont un peu mollassons, j’essaye vraiment de capter leur attention, d’interroger ceux qui sont au fond de la classe justement pour pouvoir les motiver.
Après c’est sûr que les publics « plus âgés » participent plus parce qu’ils sont intéressés. Ça dépend de la formation aussi : quand c’est très précis, ciblé, s’ils viennent pour une chose précise, c’est normal qu’ils soient plus intéressés.
Après, je n’ai pas franchement de préférence. Pour chaque public il y a du plus et du moins. Tout est bon à prendre

Comment s’est fait le passage à la formation à distance, ces deux dernières années ?
On a dû s’adapter. Personne n’a pu échapper à Zoom et finalement on a fait avec les moyens qu’on avait.
Les formations à distance c’est tout un art, une manière de faire autrement, parler autrement, présenter différemment, tout… d’autres enjeux. Moi, je m’y suis mis grâce à des formations pour nous aider à utiliser Zoom et après on n’avait pas le choix. J’ai pris ça comme un petit plus à prendre, une nouvelle technique à s’approprier. Même Wooclap c’était bien de l’utiliser parce que je ne connaissais pas et ça m’a permis de découvrir d’autres horizons.
Je pense que de cette période un peu morose (bizarre pas morose), on va garder le meilleur. Moi ça m’a fait découvrir un autre monde, plus d’interactions, des choses interactives, pédagogiques. Ces choses-là, je veux les garder pour les formations futures. On s’est adaptés mais en bien, on a appris beaucoup de choses. Finalement, ça s’est bien fait.

Le meilleur souvenir et le pire souvenir de formation ?
Le meilleur souvenir : il y avait eu un commentaire d’un étudiant très très élogieux, limite embarrassant. Ça fait bizarre quand même, c’est vrai que c’est vraiment le retour des étudiants quand ils font des commentaires. Tu te dis que tu ne fais pas ça pour rien. Aussi quand je croise un étudiant hors de la bibliothèque, hors du contexte de la formation, qui continue à m’appeler « prof », c’est flatteur.
Le pire : franchement, je touche du bois mais je n’ai pas eu de pire formation, d’étudiant trop récalcitrants et je n’ai pas encore eu de problème technique. Je pense que les problèmes techniques, ça peut être déstabilisant. Jusqu’à présent, je n’ai pas eu de problème majeur.

Quelle(s) formation(s) a (ou ont) été cruciale(s) dans la construction du formateur que vous êtes ?
Peut être la première formation pour que je devienne formateur parce que ça te forme, ce sont les bases. Mais après, le formateur que je suis finalement aujourd’hui, c’est par toutes les formations que j’ai eues et que j’ai faites. Les formations que j’ai eues, quelque soit ce que j’ai fait, quand je regarde un formateur je prends ce qui est bon à prendre : sa manière d’être, son savoir-être, sa posture, ce qu’il utilise ; je regarde, je note et tout ce qui m’intéresse, je prends.
Quand tu formes les usagers, ce sont des publics différents, chaque formation diffère et moi je m’améliore aussi. Je m’adapte aux publics, aux situations et j’apprends d’eux. Devant chaque personne, j’agis différemment, ça me forme aussi.
Dans ce métier-là, on n’aura jamais fini d’apprendre, même sur nous. Nous évoluons avec le temps, les techniques évoluent peut-être un jour on se mettra à l’hologramme, au virtuel ! A nous de nous adapter et on s’améliore au fil du temps.

En tant qu’animateur, quel personnage de fiction seriez-vous ?
Merlin l’enchanteur. Déjà car j’aime beaucoup ce Disney-là et en fait Merlin accompagne le petit Arthur pour le former. Au début, Arthur n’a pas beaucoup d’ambition, il veut juste devenir palefrenier, il ne connait pas tout et Merlin va vraiment le former pour ses grandes futures responsabilités. J’aime bien la manière dont il enseigne parce qu’il lui fait plein de choses : de la théorie, aussi une leçon de vie ; c’est une sorte de parcours initiatique. Il va vraiment donner confiance à Arthur pour qu’il puisse se débrouiller tout seul. Il y a beaucoup de pratique : il va se transformer en oiseau et lui apprendre à voler, il va se transformer en poisson et lui apprendre dans l’eau à éviter les dangers, il va se transformer en écureuil pour qu’il puisse sauter dans tous les arbres. Dans chaque situation, il va apprendre à Artur à se débrouiller tout seul et lui donner des outils (que ce soit la manière de penser ou de faire) pour cela. Nous aussi, en tant que formateurs, on va accompagner l’usager. On veut à la fin qu’il se débrouille tout seul, qu’il soit autonome. C’est ça, en fait, donner tous les outils que ce soit des outils basiques, pragmatiques mais aussi un peu dans la manière de penser. La formation c’est un tout et je trouve que Merlin quand il fait ça c’est vraiment un tout. En plus avec la magie, il a des moyens illimités, il peut tout faire. Il peut aller partout, voyager dans le temps. C’est le rêve ! Tu es Merlin comme formateur, tu peux tout faire ! C’est ludique, il va partout, il change d’horizon…
Bref, Merlin l’enchanteur.

Le lieu de formation de vos rêves ?
Tout de suite, je pense au soleil, aux tropiques, aux cocotiers et tout… Et après, quand on réfléchit, des salles design, high-tech… Je sais qu’à Assas, il y a beaucoup de moyens, les derniers équipements. Franchement quand tu as un bel endroit, je pense que tu peux tout faire. Ça rejoint la question d’après. Mais sinon, c’est l’école de magie de Poudlard d’Harry Potter : un beau lieu, plein d’histoire, de la magie, les tableaux qui parlent, tout est ludique.
Donc le virtuel serait Poudlard, le cadre serait un beau paysage, un cadre idyllique. On pense tout de suite à plein de choses quand on dit « idéal ».

Si vous aviez des moyens illimités que mettriez-vous en place ?
Tout dépend de la formation.
J’aimerais bien faire venir des personnalités, des sommités qui viendraient participer, témoigner lors d’une formation.
Avoir des moyens techniques développés. Utiliser peut-être des hologrammes, même la 3D.
Comme en Europe avec les learning centers ou aux Etats Unis avec de grandes universités comme Harvard, tu dois avoir des moyens illimités. Ils ont un souci de moins, ils peuvent faire ce qu’ils veulent.
Il y a une question de moyens, d’argent, mais aussi de temps, de disponibilité. Pouvoir former mais à plusieurs temps, des petites formations dans la longueur. Pas de contrainte de planning serait l’idéal.
Amener aussi l’étudiant ailleurs, hors les murs. Leur faire visiter des choses ailleurs, les sortir de leur quotidien.

Qu’est-ce que vous faites maintenant que vous ne faisiez pas au début ?
Je dialogue davantage avec les étudiants et j’essaie de mettre plus de convivialité, de casser la barrière un peu froide. Maintenant je suis plus sûr de moi. A l’oral, ça va :  je n’ai plus d’appréhension. Quand tu es sûr de ta formation et de tes outils, tu peux quand même plus dialoguer et t’intéresser aux étudiants, voir qui ils sont, ce qu’ils veulent. Je fais plus de petites blagues aussi (tout en restant raisonnable), plus des commentaires pour détendre l’atmosphère et les mettre à l’aise.
Quand ils arrivent, ils sont tous dans une posture « prof/étudiants », un peu tendus. J’essaie de leur parler, de les détendre. Je n’hésite pas à les mettre à l’aise. Je reste le formateur mais je suis comme eux, je suis là pour eux, pour qu’ils apprennent et qu’ils passent un bon moment, pas juste qu’ils suivent un cours mais qu’ils passent un moment convivial.

Quel(s) conseil(s) donneriez-vous au formateur débutant que vous étiez ?
C’est tous simple. Je dirais juste : aie confiance en toi et en tes capacités. Tu peux rater, tu peux faire des choses mais tu vas t’améliorer. Tu débutes, c’est normal. C’est difficile parfois, tu vas avoir des barrières, des obstacles mais c’est le début, ne t’en fais pas tu vas t’améliorer. Tu es là pour les usagers.

Un dernier mot ?
Je trouve que ce qui est bien pour la formation c’est quand on a quelqu’un qui tire les formations vers le haut, qui est au fait des derniers outils, qui est là quand on a besoin d’être formé. C’est bien quand tu as l’appui des personnes qui forment. C’est important quand tu as l’appui du service dédié. Parfois on peut être seul et ce n’est pas évident.
J’aime la formation en bibliothèque parce que c’est flatteur pour nous car ça nous permet de voir autre choses, d’avoir une autre posture. C’est vraiment gratifiant de former, ce n’est pas facile du tout mais tu apprends. Moi j’ai beaucoup appris depuis que je suis formateur : j’ai appris à mieux d’exprimer, j’ai appris sur moi-même et ça sert aussi forcément pour ta vie en général. Je suis plus pédagogue que je ne l’étais avant.
La formation, c’est une valeur ajoutée. Il y a tellement de possibilités, il y a un horizon vaste devant nous. II y a les moyens et il y a l’envie. La formation ça fait partie des grandes problématiques des SCD et j’espère que ça va continuer.

(Entretien réalisé le 26 novembre 2021)

Anne Guichard-Cazenave

Responsable du service de Formation des Usagers au SCD de l'université Paris I Panthéon-Sorbonne. Formations, rock'n roll & biquettes

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